À Québec, plus de 150 personnes, majoritairement des professionnels de la santé impliqués activement dans le mouvement de planning des naissances et provenant de toutes les régions du Québec, fondent la FQPN qui prend la relève du Centre de planning familial du Québec, disparu en juin. Ses objectifs : favoriser l’implantation de services directs à la population, de qualité et accessibles en matière de planning des naissances, développer une philosophie du planning des naissances et favoriser le développement d’une attitude positive face à la sexualité.

Dans les années 1970, le mouvement du planning des naissances se développe partout au Canada. Le retard à rattraper est immense. Grâce aux subventions des gouvernements fédéral et provincial, la FQPN connaît une expansion rapide, tant et si bien qu’en 1976, elle compte 14 associations régionales très actives dans leur milieu. La FQPN situe son action dans une perspective d’éducation populaire. Elle produits et diffuse des outils d’information destiné au grand public, tels que des dépliants, brochures et diaporamas sur divers sujets (méthodes contraceptives, sexualité pendant la grossesse et après l’accouchement, la paternité, etc.). À cela s’ajoute les conférences, débats, panels et sessions de formation à l’intention de ses membres et des intervenant·e·s du réseau de la santé et des services sociaux. 

Afin de contrer la campagne anti-avortement du groupe Campaign Life Coalition, la FQPN et ses associations membres envoient plus de 50 télégrammes et 200 lettres au ministre fédéral de la Santé et du Bien-être social fédéral pour demander l’abrogation de la loi sur l’avortement et le soutien financier aux programmes de planning des naissances. Sous le titre « Pour des maternités librement consenties », le 8 décembre, la FQPN fait publier dans le quotidien Le Devoir les noms de 596 personnes qui ont acheté collectivement une page. Elles réclament des services de qualité complets en planning des naissances et sexualité, accessibles gratuitement à toute la population et comprenant l’avortement pour toute femme qui le désire.

Conjointement avec la Coordination nationale pour le droit à l’avortement libre et gratuit (CNALG), le Centre de santé des femmes du quartier, le magazine féministe La Vie en rose, la collective féministe et chrétienne L’autre Parole (groupe no 1), la FQPN dénonce l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) qui, dans un Appel en faveur de la vie condamne l’avortement considéré comme un meurtre. Dans une déclaration commune « La vie des femmes n’est pas un principe », ces groupes féministes lancent Un appel de femmes à toutes les femmes qui donnent et entretiennent la vie depuis des siècles et des siècles.

Exaspérée par l’immobilisme du gouvernement québécois qui tarde à implanter un programme d’éducation sexuelle obligatoire, qu’elle réclame depuis 1974, la FQPN publie un manifeste « Le Droit à l’éducation sexuelle, une responsabilité collective. » La FQPN veut faire reconnaître l’éducation sexuelle comme un droit social universel et une responsabilité collective qui vise l’égalité, la liberté de choix, le respect des personnes et le non-sexisme. Afin de faire pression sur le gouvernement, elle lance une pétition en faveur d’un programme autonome d’éducation sexuelle du préscolaire à l’université. Plus de 200 groupes à travers le Québec appuient le manifeste.

Maintenant que des cliniques de planning des naissances et sexualité ont été mises sur pied dans les CLSC et les centres hospitaliers, la FQPN questionne son orientation. La montée du mouvement de santé des femmes, la tenue des colloques « Femmes et folie » (1982) et « Femme santé et pouvoir » (1983) auxquels participent plus de 1 000 femmes, et l’Essai sur la santé des femmes du CSF (1983), ouvre de nouvelles perspectives et avenues de luttes. La FQPN décide de concentrer désormais ses énergies sur la santé sexuelle et reproductive des femmes.

Publié à raison d’un ou deux numéros par année jusqu’en mai 1992, « Cahier femmes et sexualité » veut nourrir une réflexion collective sur la sexualité des femmes et remettre en question « le modèle masculin et exclusivement génital qui domine les rapports hommes/femmes ». La FQPN explore les conditions qui permettraient aux femmes de faire des choix libres en matière de sexualité et de reproduction. Ces onze cahiers témoignent du travail de réflexion et d’analyse critique de la FQPN en matière de contraception, avortement, nouvelles techniques de reproductions, sexualité et pouvoir des femmes entre 1985 et 1992.

La FQPN réalise une tournée de sensibilisation sur les enjeux pour les femmes des nouvelles technologies de reproduction (NTR) qui lui permettra de rejoindre plus de 700 personnes majoritairement des femmes dans six régions du Québec. Elles discutent notamment du diagnostic prénatal, des mères-porteuses, de l’anonymat des donneurs, d’infertilité/stérilité, de fécondation in vitro. La FQPN propose un regard critique et une analyse féministe qui met de l’avant la santé des femmes et préconise la prudence. Elle dénonce aussi les possibles abus économiques envers les femmes des pays en développement, notamment dans le cas des mères-porteuses.

Le 23 septembre 1989, une centaine de femmes répondent à l’invitation de la FQPN et se réunissent pour dresser un bilan du mouvement de santé des femmes au Québec et en dégager les perspectives d’avenir. Les actes du colloque « À notre santé! » présentent le texte des conférences et résument l’essentiel des discussions et des échanges en ateliers ainsi que les conclusions auxquelles sont parvenues les participantes. Un outil précieux pour comprendre le mouvement de santé des femmes au Québec.

Le comité de vigilance, en collaboration avec une recherchiste du Regroupement des Centres de santé de femmes du Québec, a publié un premier guide de ressources en avortement en 1988. Depuis 1992, la FQPN met à jour ce bottin indispensable à tous les deux ans. Avec la collaboration des centres de services en avortement, le bottin contient une description détaillée des services offerts dans chaque centre, et est une ressource indispensable des professionnel.les de la santé au Québec.

La FQPN profite du 25e anniversaire de la décriminalisation de la contraception pour effectuer un bilan des actions en planning des naissances. Soucieuse de développer des solidarités internationales, elle organise à cette occasion un panel de réflexion avec des femmes de cultures autochtone, haïtienne et indienne pour comprendre les réalités que vivent ces femmes en regard du planning des naissances et d’explorer de possibles collaborations. « Quatre femmes, quatre cultures. Le planning des naissances au Québec. Bilan pour l’action! »

À la suite de l’approbation du contraceptif Norplant au Canada en 1994, la FQPN publie un pamphlet « L’implant contraceptif Norplant » pour informer les femmes intéressées par ce nouveau contraceptif et s’assurer qu’elles puissent prendre une décision éclairée. Ce pamphlet décrit en détail comment ce contraceptif est utilisé, son efficacité et ses effets sur la santé. ​​La FQPN recommande une extrême vigilance dans l’utilisation de l’implant car les recherches scientifiques manquent de rigueur méthodologique. Avant l’approbation de ce contraceptif au Canada et tout au long des années 90, la FQPN dénonce son expérimentation sur les femmes des pays en voie de développement.

Le taux de succès des nouvelles technologies de reproduction humaine (NTRH) a révélé que les femmes qui y avaient recours à la fin des années 1980 et durant la décennie 1990 étaient des cobayes. À ces faits s’ajoutaient les stérilisations forcées de femmes en Inde et de femmes autochtones au Canada. La FQPN s’est alliée à des organismes de coopération internationale, l’AQOCI, le CECI et Inter Pares, pour documenter les liens entre le contrôle des populations, le contrôle reproductif des femmes, le développement et l’environnement. Par la suite, la FQPN a réalisé une tournée de sensibilisation sur les enjeux des politiques de population et de développement sur la santé des femmes dans six villes du Québec (Sept-Îles, Jonquière, Trois-Rivières, Québec, Rouyn-Noranda et Sherbrooke).

La FQPN publie les résultats d’une recherche-action, entreprise en 1999, qui visait à dresser un portrait de l’état des services de planning des naissances dans le réseau public de santé et de services sociaux au Québec : « Le planning des naissances au Québec. Portrait des services et paroles de femmes » En 2002-2003, la FQPN effectue des rencontres à Québec, Rouyn-Noranda, Montréal et Sept-Îles afin de sensibiliser les groupes de femmes et les intervenantes du réseau aux enjeux liés à l’accès aux services et d’identifier des pistes d’action.

Plus de 125 femmes, infirmières, travailleuses sociales, médecins, sages-femmes, militantes de syndicats, professeures, étudiantes, intervenantes de groupes de femmes, jeunes mères se rassemblent durant deux jours pour réfléchir à la question suivante : « les femmes sont-elles autonomes ou ont-elles l’illusion de faire des choix en ce qui concerne leur vie reproductive ? » Les résultats complets de cette démarche collective, textes des conférences, contenus des discussions en ateliers, seront publiés quelques mois plus tard sous le titre «Santé de la reproduction et maternité : autonomie des femmes ou illusion du choix?»

La FQPN et le Comité québécois de mobilisation contre le projet de loi C-484, Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels, organisent une soirée publique d’information, la distribution de 50 000 cartes postales destinées aux députés fédéraux et une manifestation à laquelle participe plus de 5 000 personnes à Montréal. Adopté en 2e lecture par la Chambre des communes, le projet de loi constitue une menace sérieuse au droit à l’avortement en accordant des droits au fœtus. Cette manifestation pour le droit à l’avortement était la plus importantes au Québec depuis la manifestation en appui à Chantale Daigle en 1989.

À l’invitation de la FQPN, plus de 200 personnes se réunissent à Montréal au Théâtre Plaza pour célébrer la victoire de Chantale Daigle, la victoire de toutes les femmes. Cette soirée fut l’occasion d’une mise en mémoire de la parole féministe, puissante et mobilisatrice, qui a ponctué cette saga judiciaire de l’été 1989. La lecture du Manifeste des femmes du Québec et une entrevue avec les femmes qui ont organisé clandestinement l’avortement de Chantale Daigle et l’ont accompagné à Boston ont été des moments forts de cette soirée. À lire,  Zine pour le 20e anniversaire de l’affaire Chantale Daigle qui retrace ces événements.

Afin de mieux répondre à la pluralité des réalités des femmes au Québec, le CA et les travailleuses de la FQPN entament un processus de réflexion sur la justice reproductive, un concept qui est à la fois un cadre d’analyse et de pratique et un mouvement social apparu aux États-Unis dans le courant des années 1990. Le terme a été consacré par des femmes africaines-américaines lors de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement qui a eu lieu au Caire en 1994. Il est le résultat de l’amalgame entre « justice sociale » et « droits reproductifs ». Des tables rondes sont organisées pour échanger avec les membres et allié.es de la FQPN.

La FQPN participe à la mobilisation pancanadienne contre la motion M-312 du député Woodworth qui vise à examiner si la définition du Code criminel voulant qu’un enfant « devient un être humain lorsqu’il est complètement sorti vivant du sein de sa mère », tient compte des connaissances médicales actuelles. Si non, il faut modifier cette définition afin que le fœtus soit défini comme un être humain. Cette motion comme toutes celles présentées par des députés fédéraux vise à faire reconnaître des droits au fœtus et par conséquent à recriminaliser l’avortement ou restreindre l’exercice de ce droit par les femmes. À cette occasion la FQPN publie un  zine de mobilisation pro-choix

La « Journée un pas vers la justice reproductive » officialise l’adoption par la FQPN du cadre d’analyse « de la justice reproductive » comme un des éléments constitutifs de ses orientations et de ses actions. Le terme « justice reproductive établit un lien entre la justice sociale et les droits reproductifs. La justice reproductive place les droits reproductifs dans un contexte plus large qui prend en compte l’intersectionnalité soit l’entrecroisement des oppressions liées à la race, le genre, la classe, l’identité sexuelle, etc.). À la suite de cette journée, la FQPN a publié un document explicatif sur la justice reproductive, et un zine.

La FQPN lance les résultats d’une recherche qui démontre l’existence de plus d’une dizaine de centres conseil grossesse à l’avortement anti-choix au Québec. Cette brochure est un outil d’information et de réflexion qui établit les liens entre ces centres et le mouvement anti-avortement, établit leurs caractéristiques et leurs types d’actions. Elle met à jour le discours véhiculé par ces ressources anti-avortement et leurs stratégies déguisé sous une image publique de neutralité et de compétence.

La réalisation de ce guide a été coordonnée par la FQPN en  collaboration avec A.J. Lowik, doctorant.e à l’Institut des études sur le genre, la race, la sexualité́ et la justice sociale de l’Université́ de la Colombie-Britannique. Ce guide est destiné aux professionnel.le.s de la santé sexuelle et reproductive au Québec qui réalisent des avortements et il contient des suggestions pratiques pour favoriser l’inclusion des réalités trans dans les services d’avortement. Le guide est disponible en anglais et en français.

Ce dépliant se veut un outil destiné aux ressources qui offrent des services aux personnes migrantes à statut précaire. Il propose une liste de cinq (5) questions à poser pour déterminer la couverture médicale des femmes migrantes à statut précaire en vue d’obtenir un avortement. En outre, il fournit la liste des ressources par région pour les personnes sans carte RAMQ (Régie de l’assurance maladie du Québec). Patient.e migrant.e à statut précaire? Quelle couverture médicale? »

Une nouvelle pétition et une campagne de sensibilisation sont lancées en janvier 2021 pour faire connaître les revendications de la Coalition, qui devient la Coalition ÉduSex. Les membres incluent plus d’une centaines d’intervenant.es de groupes communautaires qui oeuvrent en santé sexuelle ainsi que des syndicats enseignants et leurs membres.

Les revendications de la Coalition ÉduSex incluent:

1. Augmenter le financement pour une éducation à la sexualité de qualité.
2. Mettre en place des mécanismes de soutien de qualité pour assurer la compétence et la sensibilité des intervenant.e.s aux différents enjeux abordés.

Au Coin du Brasier est un projet balado féministe anticapacitiste qui se veut accessible, inclusif et décomplexé. Découvrez les 8 épisodes qui mettent en lumière les parcours de nos invité.e.s. Ces dernier-ères nous dévoilent leurs expériences sur les rencontres amoureuses, la pression de performance, la parentalité et bien d’autres sujets, le tout enregistré dans la bienveillance et l’authenticité.

Le projet a été réalisé en collaboration avec l’organisme Les 3 sex* et animé par Gwendoline Lüthi et Laurence Raynault-Rioux.